Voilà l'exposé sur la mort dans Les Métamorphoses réalisé par Sarah, Melow et moi-même.
Bon bien sûr, comme c'était de l'oral, ce n'est pas rédigé, mais c'est quand même exploitable (je crois):
LA MORT DANS LES METAMORPHOSES
La mort est un des éléments les + récurrents et importants des Métamorphoses : elle est omniprésente dans pratiquement chaque épisode.
Toutefois ses dimensions et ses conséquences sont différentes et complexes, rien que par le fait qu’aucun personnage ne meurt de vieillesse ou de manière naturelle. Il semblerait aussi qu’elle ne se borne pas seulement à la définition qu’on lui porte aujourd’hui.I. MOURIR DANS LES METAMORPHOSES
1. Les différentes dimensions de la mort* Les combats
Les Lapithes et les Centaures : - hyper réalisme, vocabulaire cru et sanglant, description très détaillée ->
faire ressentir l’atrocité de la scène et montrer la barbarie de l’homme.
- mort violente et réaliste dans le but de choquer le lecteur et de lui donner l’impression d’assister en direct à la scène
p 390 « Les yeux ont jailli hors des orbites ; les os de la face sont fracassés, au point que le nez, repoussé en arrière, est venu se fixer au milieu du palais. »= accentuation de détails dont on ne tiendrait pas forcément compte au premier abord visuel.
-> Mort bestiale qui amène à s’interroger sur la nature de l’homme et ce qu’il est capable de faire.
Achille/Cygnus- Combat traité de héros à héros : mort difficile, acharnée.
Accentue le courage par un vocabulaire et épique. Duel propre et net qu’on retrouve chez les héros de l’Epopée.
* La punitionOrphée,
Puni par les Bacchantes de son indifférence suite à la « deuxième mort » d’Eurydice.
- L’attaque violente est décrite assez longuement, mais le moment de la mort est très bref :
« son âme s’exhale et s’envole dans les airs ». La longue description de l’attaque correspond à la furie des Bacchantes et que la beauté de la description de la mort correspond à la poésie ’Orphée : même la mort d’Orphée apparaît comme poétique.
Chionée,
punie par Diane pour avoir prétendu être plus belle que la Déesse : Diane
la tue d’une flèche.
« Sa vie s’échappe avec son sang. »On assiste donc à une mort sobre, poétique, comme il convient lors d’un crime divin.
-> La punition mortelle est donné par colère, de manière impulsive, et qui s’oppose à la métamorphose, plus réfléchie et donc plus destinée à faire souffrir.
* Le suicideMyrrhaLa mort apparaît comme l’unique échappatoire.
Myrrha veut se délivrer de sa passion,
« elle ne voit pour son amour d’autre terme, d’autre repos que dans la mort : c’est la mort qu’elle choisit. ».-> Emploi d’un vocabulaire élégiaque avec le thème de l’amour impossible, propre au tragique.
EsaqueLa mort est traduite par les paroles d’Esaque :
« aussi je vais par ma mort t’offrir de quoi te consoler de ta mort. »Champ lexical de la douleur liée à la culpabilité :
« je me repends ; malheur ; infortuné ; ta perte ; coupable, ma mort ; ta mort ; consoler » Sentiments exacerbés par la prise de parole d’Esaque qu’on pourrait comparer aux monologues de la tragédie classique.
-> Les 2 personnages cherchent dans la mort une délivrance, Esaque pour avoir commis le crime, Myrrha pour ne pas avoir à le faire. Dans les 2 cas, la tentative de suicide reste vaine grâce/à cause de l’intervention divine : seuls les Dieux ont pouvoir de vie et de mort sur les humains.
--> D’ailleurs, dans toutes les dimensions de la mort que l’on vient de donner, ce sont les Dieux qui décident ou non de donner la mort.
2. Réaction à la mort* Topos du veufOrphée et Eurydice : « Il n’eut d’autre aliment que son amour, sa douleur et ses larmes. »Résignation au bout de 7 jours SEULEMENT, mais résignation
morale inexistante parce qu’il se refuse aux femmes.
Vénus et Adonis :
p 346 « Elle arrache ses cheveux et se meurtrit la poitrine de ses mains, si peu faites pour ce rôle. » + champ lexical de la douleur
« lamentation,
meurtri, douleur » + transformation d’Adonis en fleur tant elle ne peut supporter de le perdre.
Alcyone et Céyx :
p 375 « Ne le trouvant nulle part, elle se frappe le visage, déchire ses vêtements sur sa poitrine, et meurtrit sa poitrine même ; elle arrache ses cheveux sans prendre seulement la peine de les dénouer. »+ champ lexical de la douleur :
« consolation ; malheur ; périt ; une si grande douleur »-> Réaction très réaliste des survivants, on remarque
une conformité dans la réaction des veufs avec des descriptions très
similaires, ce qui prouve qu’on a bien affaire à un lieu commun.
* Mort rédemptoire : cas du crime involontaireCyparissus et le cerfP 324 « Quand il le vit mourir de sa cruelle blessure, il souhaita de mourir lui-même. »Apollon et HyacintheP 327 « C’est moi qui suit l’auteur de ta mort. Que ne puis-je comme je le mérite mourir avec toi. »Esaque et la nympheP 379 « Aussi je vais par ma mort t’offrir te quoi te consoler de ta mort. » -> Mort qui semble être la rédemption ultime, l’acte qui efface toute culpabilité et tout péché.
* Mort rédemptoire : cas du crime volontaire- Cas de Diane qui tue Chionée
- Lapithes et Centaures qui s’entretuent
- Les Bacchantes qui tuent Orphée.
Pas de remords exprimé de la part du criminel. Le crime semble toujours être justifié (guerre, vengeance…). Tous les crimes volontaires sont donc faits en âme et conscience du coupable, et le plus souvent des Dieux.
-> Interrogation sur la morale des Dieux qui tuent en âme et conscience, alors qu’ils sont censés représenter une certaine justice pour les Hommes. Quel modèle moral les Dieux transmettent-ils aux hommes ?
II. UNE MORT DEFINITIVE ?1. Un PassageMort = passage d’un monde à l’autre par la symbolique d’un fleuve, le Styx, et de Charon, d’ailleurs surnommé « le passeur des Enfers ».
P 320 « [Orphée] osa descendre par la porte du Ténare jusqu’au Styx.»D’un monde à l’autre, la vie ne semble pas s’arrêter :Orphée et Eurydice construisent en enfer ce qu’ils n’ont pas réussi à construire sur Terre.
De plus, il est dit
qu’Orphée « serre Eurydice entre ses bras avides » : preuve que la mort ne prive pas de sentiments.
Toutefois, une telle « existence » n’est propre qu’aux Champs-Elysées, car l’enfer est composé de trois lieux :
*
les Champs Élysées (ou tardivement Îles des Bienheureux), séjour des héros et des âmes vertueuses après leur mort ;
*
le lugubre Pré de l'Asphodèle, où les fantômes des morts mènent une existence morne et insubstantielle ;
*
le Tartare, où ceux qui ont offensé les dieux sont soumis à un châtiment éternel.
Sont privilégiés ceux qui continuent VRAIMENT à vivre, pour les autres : soit punition, soit « demi », voire « quart de vie » ^^
2. Transgression de la mort* Par la métamorphose- Hyacinthe transformé en fleur par Apollon au moment de sa mort.
- Alcyone et Céyx changés en oiseau ; Céyx ressuscité.
-> Intervention des Dieux, plein pouvoir encore une fois
* Par la poésie Orphée parvient à ressusciter Eurydice.
* Par la grandeur des actesAchille : «
Dont la gloire encore vivante remplit l’univers entier »
-> Ovide démontre qu’à part les dieux, l’art et les exploits d’une vie dépassent la mort.
--> La mort n’apparaît donc pas comme définitive. Ovide apporte une réponse à la question de la mort comme une mort du corps et une survie de l’âme : on pourrait donc croire que la mort est dérisoire.
- Toutefois, le côté crucial de la mort réside dans l’ignorance des vivants de leur destination finale. Ils ne savent en effet pas si ils atteindront les Champs-Elysées, et donc une sorte de nouvelle vie, ou les deux autres niveaux de l’Enfer qui sont moins appréciables et correspondent
plus à l’idée d’une véritable mort.
- Parallèle avec le christianisme (qui ne s’imposera quequelques siècles plus tard) :
avoir une conduite exemplaire pour éviter les enfers et espérer un paradis ?
jugement dernier = trois juges de l’enfer (Minos, Rhadamanthe et Éaque) ?
CONCLUSIONLa mort a donc des dimensions différentes et provoque des conséquences
particulières à chaque cas. Toutefois, elle n’apparaît pas comme définitive,
puisqu’il est possible, pour les hommes comme pour les dieux de la
transgresser, que ce soit par l’art, par la gloire, ou par la métamorphose. D’ailleurs, on remarque que la mort, si elle est pour le fautif l’acte de rédemption ultime, n’est pas le châtiment ultime. Non, la métamorphose semble pire que la mort dans le sens ou elle est donnée pour faire souffrir et plonger l’être dans un état immuable, comme Esaque qui est condamné, par exemple, à répéter le geste de son suicide sans fin. A l’inverse, la mort semble pouvoir offrir, dans les « Métamorphoses », une nouvelle vie, peut-être même meilleure que celle vécue sur Terre, si on prend l’exemple d’Orphée et d’Eurydice.
Le fait de mourir, quant à lui, est toujours théâtralisé et traité dans l’extrême à l’image de l’ensemble des œuvres de l’époque : la sculpture, la peinture, etc. Ovide démontre donc par l’écriture des Métamorphoses que la littérature aussi peut, finalement,
donner vie à la mort.Voili, voilou!